Alors que la CAN Côte d’Ivoire 2023 lève ses rideaux dans deux jours, Afrik’Sports Magazine revient sur les traces de la CAN 2021.

Camp Sic Nlongkak-Yaoundé. Au centre d’un rectangle encombré de granites qui fait office de terrain de football, des jeunes footballeurs amateurs répètent leurs gammes dans un décor qui trahit les tests qui s’y déroulent pour un grand club local. « Mon grand-frère est passé par là il y’a trois ans, aujourd’hui il joue en Elite One… Je souhaite intégrer l’équipe réserve », espère Freddy, la quinzaine, attaquant de pointe. Ce fan intransigeant de Sadio Mané a eu le bonheur de voir la star sénégalaise pratiquer son art sous ses yeux au stade Ahmadou Ahidjo et dans l’antre Paul Biya d’Olembe, respectivement lors de la demi-finale et finale de la Coupe d’Afrique des nations 2021 (9 janvier-5 février 2022). « Ça m’a fait ressentir une sensation indescriptible », lâche timidement Freddy, qui garde des bons souvenirs de la CAN au Cameroun.

Un succès populaire mais à quel prix ?

A voir la forte mobilisation qu’il y’a eu autour, la CAN 2021 a été l’un des évènements les plus populaires de l’année 2022 sur le continent. Nonobstant les péripéties fâcheuses comme sympathiques qui en ont émergé, la Confédération africaine de football a affirmé que la 33è édition de la CAN a été la compétition la plus médiatisée de l’histoire, polarisant plus de 16 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux de la CAN, générant plus de 1,2 milliard de vues vidéo sur TikTok, attirant plus de 1 million d’abonnés sur la page YouTube de la CAF, et atteignant plus de 50 millions de fans sur Facebook.

Hors du virtuel, le Ministère du Tourisme et des Loisirs s’est félicité d’avoir enregistré plus de 100 000 arrivées des touristes sur la période de la CAN 2021, soit une augmentation de 30% par rapport à l’année précédente. Une belle vitrine qui a servi à valoriser la diversité culturelle et artistique du Cameroun, notamment à travers les cérémonies d’ouverture et de clôture, les animations dans les villes hôtes, et les concerts des stars locales et internationales.

Selon certaines sources, l’organisation de la CAN 2021 a coûté à son hôte environ 500 milliards de francs CFA (environ 760 millions d’euros), dont 300 milliards (environ 457 millions d’euros) engloutis dans la construction et la rénovation des infrastructures sportives, et quelques 200 milliards (environ 305 millions d’euros) investis dans d’autres dépenses liées à la logistique, à la sécurité, à la communication, etc. Si plusieurs camerounais ont pu en profiter pour faire des profits, les retombées se présentent aussi sous forme d’infrastructures. « Mon regret au sortir de cette CAN c’est qu’on n’a pas pu aller au bout de certaines choses qui avaient été pensées quand on la préparait. Je pense notamment aux infrastructures comme les routes… on aurait pu faire mieux et améliorer un certain nombre de secteurs. Mais je me réjouis qu’on se soit déjà doté de ces infrastructures ultramodernes », observe Casimir Mangue, entraineur de football et consultant sportif camerounais pour le compte de la chaine publique nationale.

Quel héritage pour le sport local ?

La Coupe d’Afrique des nations 2021 au Cameroun a-t-elle été un catalyseur pour le développement du football local amateur ? Les observateurs estiment que les changements (positifs) ne sont exceptionnels, deux ans après, voire pas palpables. « A partir de la CAN le football a progressé sur le plan infrastructurel, mais pas sur le plan structurel », regrette Casimir Mangue. Un point de vue que partage le coach Tiki, encadreur et formateur qui dirige le centre de formation Tchoutang Eleven basé à Yaoundé. « Sur le plan organisationnel c’était appréciable. Mais concernant l’impact sur le développement du football camerounais. Je n’arrive pas à définir clairement en quoi la CAN a impacté nos vies professionnelles», s’interroge le coach. « Néanmoins ç’a permis à certains jeunes de croire en la réussite du football au Cameroun. Beaucoup d’entre eux rêvent de porter le maillot de leur équipe nationale et de participer à une CAN. Cela les motive énormément. Mes poulains allaient aux stades pour assister aux matchs de la CAN. Même jusqu’à présent entre nous confrères, dans nos échanges on évoque encore le passage de la CAN ici », termine-t-il encouragé par son collaborateur manifestant des hochements de la tête pour acquiescer le propos.

Hamiss Mba Amadou