Les observateurs le qualifient de « Buteur par intuition, dribleur par excellence, rapide et précis dans ses tirs ». Le public marocain, arabe et africain l’admire. Il y voit même « une légende du football marocain ». Salaheddine BASSIR, ce pur produit de l’équipe du Raja de Casablanca, a pu, incontestablement, se frayer un chemin vers la mondialité. Sa carrière a été marquée par une participation inoubliable à la Coupe du monde 1998. Salaheddine ouvre ses portes à Afrik’Sports magazine, mais aussi son coeur. Tour d’horizon du football marocain dans une interview exclusive… 

Propos recueillis par : Khalid Alazhari.

Nous avons le plaisir de rencontrer un joueur marocain dont le nom reste gravé en lettres d’or dans la mémoire sportive marocaine, africaine, arabe et internationale. Qu’en est-il de la dernière rencontre de l’équipe nationale marocaine contre l’équipe américaine ?
Bonjour. Tout d’abord, je vous remercie. En ce qui concerne le match entre le Maroc et l’équipe américaine, je n’ai regardé que la première mi-temps et j’ai remarqué la nette différence entre les deux équipes. Bien que l’équipe marocaine ait raté un certain nombre d’occasions de but, mais au niveau du processus de construction des attaques, l’équipe américaine se distingue par une intelligence grande et forte, et mène des attaques en temps opportun au fur et à mesure qu’elle gagne des distances. Lorsqu’elle récupère le ballon de l’équipe marocaine, elle se déplace très rapidement et atteint facilement le but du gardien marocain Bono. Elle a réussi à marquer trois buts grâce à des contre-attaques. Cette méthode de jeu est la même que celle de l’équipe canadienne, ce qui signifie la nécessité de faire attention. La même chose pour l’équipe belge qui adopte les contre-attaques. C’est une équipe qui fait un beau jeu basé sur des contre-attaques et la grande vitesse. Il faut donc travailler cet aspect technique, surtout au moment où on perd le ballon. C’est ce que nous faisions auparavant. Mais dernièrement, nous avons perdu confiance à cause peut-être des nombreuses critiques ou d’autres raisons que j’ignore. Mais d’une manière générale, l’équipe nationale marocaine doit être encouragée pour reprendre confiance en ses composantes et être présente dans le cadre de la prochaine Coupe du monde.

Que pensez-vous de l’équipe nationale marocaine actuelle ?
Je félicite d’abord tous les éléments de l’équipe nationale marocaine et aussi le sélectionneur national pour la qualification à la Coupe du monde, ce qui est une belle chose, mais un grand travail nous attend, Dieu soit loué. Heureusement, nous sommes à six ou sept mois de la Coupe du monde. C’est une opportunité pour le sélectionneur national et les joueurs d’améliorer le niveau de performance et aussi une opportunité de l’équipe nationale par de nouveaux joueurs, ce qui signifie que nous devons soutenir la ligne de défense et l’entrejeu ainsi que l’attaque car parfois les joueurs de la ligne offensive ne sont pas au niveau requis. Il faut donc avoir un joueur clé pour donner un surplus à l’équipe et en même temps pour favoriser la concurrence entre les joueurs. L’équipe nationale est certes qualifiée au Mondial, mais elle lui manque quelques retouches pour dire son mot dans cet événement sportif.

Quelles sont vos pronostics pour la prochaine Coupe du monde ?
Concernant mes pronostics pour la prochaine Coupe du monde, l’équipe marocaine actuelle est dans un groupe fort. Il suffit que nous jouions contre le vice-champion du monde (la Croatie), le numéro un mondial (la Belgique) et la jeune équipe prometteuse qui est l’équipe canadienne. Les équipes croates et belges sont réputées par leur force et leurs joueurs évoluent dans les grands championnats européens. Quant à l’équipe canadienne, la majorité la considère comme le « cheval noir », tandis que l’équipe canadienne considère l’équipe marocaine comme un « petit mur ». L’équipe canadienne est une équipe forte, jeune et rapide avec un groupe de joueurs qui évoluent dans les cinq championnats d’Europe et qui jouent même officiellement. Ce sera une équipe forte qu’on doit affronter avec prudence. Pour le Onze national, je crois qu’il faut soutenir les joueurs, surtout dans le milieu et les lignes défensive et offensive et également leur donner confiance. Car de nombreuses critiques adressées à ces joueurs soulignent le manque de niveau de condition physique requis. Ce qui pourrait avoir un effet négatif sur les joueurs, car ils peuvent entrer dans les matches avec le sentiment que les supporters marocains ne sont pas satisfaits du niveau de performance de certains d’entre eux. Et cela affectera l’ensemble du groupe. Les sept mois qui restent doivent être utilisés pour soutenir l’équipe et faire venir d’autres joueurs qui apporteraient un complément à l’équipe marocaine.

Salaheddine Bassir, pourquoi cette absence?
Je suis constamment présent. Je m’absente parfois quand je ne sais pas où contribuer ou ce que je vais apporter. Parfois même, quand je sens que la méthode de travail n’est pas dans mon intérêt. Je prépare mes diplômes de formation et j’accorde plus d’attention à ma famille et à ma santé. Mais, cela ne m’empêche pas de suivre de près la scène sportive marocaine.

Votre participation dans l’équipe nationale marocaine a laissé une bonne impression à travers le monde. Quels sont les moments qui restent inoubliables ?
Certes, ma participation dans l’équipe nationale a laissé une bonne impression, étant donné que la majorité de ses joueurs sont issus des écoles des équipes sportives nationales. Les résultats avant le mondial étaient également positifs, ce qui signifie qu’on méritait notre qualification à la Coupe du monde et à la CAN. Nous avons donc fait preuve d’un bon niveau dans ce Mondial malgré notre disqualification injuste vu le résultat de la rencontre Brésil-Norvège soldée par la défaite du Brésil suite à un penalty inexistant. C’était donc une disqualification amère. Mais en général, c’était un bon souvenir car la qualification à la Coupe du monde n’est pas facile devant de grandes équipes africaines comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, l’Egypte, l’Algérie et l’Afrique du Sud. Mais ce qui reste inoubliable, ce sont les buts que j’ai marqués en Coupe du monde et la défaite du Brésil devant la Norvège dans les dernières minutes de la rencontre au moment où on célébrait notre victoire et notre qualification avant de se rendre compte que ce sont la Norvège et le Brésil qui passeraient au deuxième tour.

Saladine et la maladie, quel rapport ?
En ce qui concerne la maladie dont je souffrais, Dieu soit loué en tout cas. Vous savez que j’ai développé une maladie d’hypersensibilité, qui a déjà nui à ma santé, et vous savez que les types d’allergies dont je souffrais gênaient la respiration. Car je ne pouvais pas transpirer, ce qui signifie que la sueur ne pouvait pas sortir des pores de la peau et donc je ne pouvais pas respirer et ma température corporelle augmentait. Mais j’avais l’habitude de gonfler mon corps « comme un ballon ». En tout cas, j’ai souffert pendant six ou sept mois, cette période a bien sûr affecté ma santé et ma carrière sportive, surtout lorsque j’étais en Espagne, mais Dieu soit loué et  » C’est le Destin et la volonté de Dieu ».

Un dernier mot.
Ce que l’on peut dire à la fin de cette interview, c’est que nous sommes à environ sept mois des matches de Coupe du monde, ce qui est un temps très suffisant pour soutenir l’équipe marocaine et remonter son moral afin qu’elle entre en Coupe du monde avec le niveau requis. J’espère que quelques changements et quelques ajouts seront faits en renforçant l’équipe de joueurs influents pour créer une différence en cette période particulière. Et bonne chance à tous.