L’athlète sud-africaine va obtenir un dédommagement du Tribunal Fédéral Suisse à hauteur de 60 000 euros, a décidé la Cour Européenne des Droits de l’Homme ce mardi. Car la juridiction basée à Strasbourg en France estime que Caster Semenya a été victime de discrimination de la part du Tribunal Fédéral Suisse. Cependant, cet arrêt de la CEDH n’est pas synonyme de réintégration de Semenya.

D’après les conclusions du CEDH le Tribunal suisse est passé outre les article 14 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, relative à l’interdiction de la discrimination, et 8, qui protège le droit au respect de la vie privée. «La requérante n’a pas bénéficié en Suisse de garanties institutionnelles et procédurales suffisantes qui lui auraient permis d’examiner efficacement ses plaintes», observe la CEDH. 

La World Athletics ne flanche pas

Sur les réseaux sociaux, la championne andorgyne a commenté cette décision. « La justice a parlé mais ce n’est que le début », savoure la trentenaire. Elle le sait, dans ce bras de fer qui l’oppose à la World Athletics (ancienne IAAF), le chemin est encore long. La World Athletics va faire appel auprès de la Grande Chambre de la CEDH. 

Pour la petite histoire

Caster Semenya et la World Athletics se livrent une bataille juridique depuis quatre ans. Athlète féminine dotée d’un taux très élevé d’hormones sexuelles mâles, cette dernière est notamment double championne olympique et triple championne du monde sur 800 m, mais aussi médaillée de bronze au 1500 m aux Mondiaux de Londres en 2017. En 2019, la World Athletics a adopté des nouvelles réglementations qui disqualifient d’office Semenya, à savoir la limitation du taux de testostérone à 5 nanomoles par litre de sang pendant six mois. L’athlète refusant de soumettre à un traitement hormonal avait demandé la suspension de cette mesure et obtenu gain de cause. Mais en juillet 2019, le tribunal suisse annula cette suspension. D’où la décision de la sud-africaine de porter l’affaire devant le CEDH.

Une course de fond 

Dans son verdict rendu avant-hier, la Cour européenne ne réintègre pas la spécialiste de course de demi-fond. Au contraire, elle approuve les mesures instaurées par la World Athletics. Cette dernière ayant durci davantage son règlement concernant les athlètes hyperandrogènes, puisque depuis mars, la limite autorisée de taux de testostérone dans le sang est de 2,5 nanomoles par litre durant 24 mois.

« Mon espoir est que World Athletics, et au-delà toutes les organisations sportives, prendront en compte la décision de la CEDH et veilleront à respecter la dignité et les droits de l’homme des sportifs », a écrit Semenya dans un communiqué. 

Le bout du tunnel est encore loin…

Hamiss Mba Amadou