Le procès de Lamine Diack et de ses co-accusés s’est ouvert ce lundi à Paris. L’ancien patron la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) qui est soupçonné d’avoir mis en place un système de corruption de grande ampleur au début des années 2010 était attendu devant le tribunal correctionnel de Paris.
Après un premier report, le dirigeant Sénégalais aura une nouvelle opportunité de faire face au juge, dans un procés qui devrait prendre fin le 18 juin prochain. Sur le fond du dossier, il est accusé d’avoir protégé une vingtaine d’athlètes russes, en échange de juteux pots-de-vin. L’afaire avait éclaté en 2015, dévoilant ainsi un « dopage institutionnel » mis en place en Russie, finissant par ébranler le sport mondial. « Pour bien comprendre le contexte de l’affaire Lamine Diack, il faut revenir en 2000. Au moment où Vladimir Poutine arrive au pouvoir. Il entame un gigantesque ballet de séduction afin d’obtenir les plus grands événements sportifs de la planète : Jeux de Sotchi 2014, Coupe du monde 2018… Cette stratégie fonctionne ! L’idée est également de remporter les compétitions. À partir de là, il va y avoir un processus de dopage massif. Donc là on a affaire à une politisation du sport international par l’intermédiaire de Vladimir Poutine », rappelle Lukas Aubin, chercheur en géopolitique, spécialiste de la Russie et du sport.
Face aux ambitions russes, le puissant président de l’athlétisme mondial aurait privilégié des intérêts politiques ou privés au détriment des intérêts du sport. Dans l’affaire jugée à Paris, l’argent touché aurait joué un rôle dans des élections sénégalaise. Son népotisme est également pointé du doigt, son fils Papa Massata Diack faisant également partie des accusés. Doctorant à l’université de Lausanne et spécialisé dans la gouvernance et l’intégrité du sport mondial, Pim Verschuuren compare le cas Diack à celui de l’ex président de la FIFA Sepp Blater. « Les faits reprochés à Lamine Diack laissent penser que ce dirigeant évoluait dans une totale impunité. L’affaire semble révéler les largesses de la gouvernance sportive à l’époque et le profil de Lamine Diack rappelle effectivement celui d’autres dirigeants comme Sepp Blatter. Non seulement ces présidents n’avaient que peu de scrupules dans leur manière de gérer leurs fédérations, mais les structures internes de contrôle au sein de ces instances n’étaient pas à la hauteur ou en tout cas très éloignées des standards des multinationales et des administrations publiques », a-t-il fait savoir, dans des propos rapportés par RFI. Ancien maire de Dakar et président de la Fédération internationale d’athlétisme (1999 à 2015), Lamine Diack a célébré hier son 87e anniversaire.