Dans son dernier ouvrage, La route des égarés, Porte d’enfer du football camerounais, Alain Georges Betsi dresse un tableau poignant et critique de la gestion tumultueuse des Lions Indomptables, l’équipe nationale de football du Cameroun. À travers 252 pages et 17 chapitres, l’auteur met en lumière les dysfonctionnements persistants au sein de cette institution sportive, exacerbés par les tensions entre le ministère des Sports et de l’Éducation Physique (Minsep) et la Fédération camerounaise de football (Fecafoot).
Edité par Nnä Maria, Alain Georges Betsi évoque notamment les choix controversés en matière de direction technique, illustrés par la prorogation du contrat de l’ancien sélectionneur Toni Concéiçao, suivie de son limogeage précipité, et les nominations successives de Rigobert Song et Hugo Broos. L’avènement du technicien belge ainsi que de certains membres du staff technique et administratif piloté par le Minsep n’a pas plu au patron de la Fecafoot. « C’est à ce niveau qu’entre en jeu curieusement le fameux conflit d’intérêts. On s’appuie à tort ou à raison sur le décret du 26 septembre 2014, et la fameuse convention de 2015, laquelle a subi une légère modification en 2016, pour revendiquer à cor et à cri la violation d’un droit inaliénable », constate le livre. « La Fecafoot prend son couloir à part, remettant en question l’option venue de la Présidence de la République, simplement relayée par le Ministre des Sports dans un rôle d’exécutant. Le football camerounais chauffe désormais plus que les braises de l’enfer. Chaque seconde qui s’amène transporte son lot d’ennuis », indique l’opus.
Le livre souligne également le climat de méfiance qui règne entre les deux entités principales du football camerounais. Les accusations réciproques entre la Fecafoot et le Minsep ajoutent à la confusion des supporters, qui se sentent démunis face à cette gestion chaotique. « Le Ministère des Sports réagit vigoureusement en démontrant la mauvaise foi de la Fecafoot à travers un exercice trompeur. Des preuves sont brandies ressortant l’implication effective, mais limitée de la Fecafoot dans le choix de l’entraîneur principal », mentionne l’ouvrage. Ces événements, selon l’auteur, révèlent un système où des intérêts personnels et des conflits d’intérêts prennent le pas sur le bien-être de l’équipe et de ses supporters. « Les Lions indomptables à travers le football ont pris en otages l’ensemble des populations. Malheureusement, toutes les questions liées à la gestion de cette équipe, ne sont pas abordées avec finesse, délicatesse et prudence », déplore l’auteur dans son ouvrage.
Alain Georges Betsi ne se contente pas de relater les faits, il appelle à un dialogue constructif entre les parties impliquées, comme le souligne un courriel du directeur de la division des associations membres, Jean Marie Kenny. Ce dernier rappelle l’importance de travailler dans un esprit de respect mutuel et de solidarité pour sortir de cette impasse.« Après analyse des différents éléments mentionnés dans cette correspondance, et bien que cette situation s’apparente à une affaire interne, il nous paraît primordial que des parties en question privilégient un dialogue constructif entre elles afin de pouvoir travailler, de manière sereine dans le respect mutuel et la solidarité… », avait répondu le directeur de la division association membres de la CAF au courriel du 26 août 2024 à Blaise Djounang, ancien secrétaire général.
La route des égarés, Porte d’enfer du football camerounais, s’impose comme une critique acerbe non seulement de la gestion des Lions Indomptables, mais aussi des dérives qui minent le football camerounais en général. Alain Georges Betsi, avec ce 18e livre, invite à une réflexion profonde sur l’avenir du football dans son pays, en espérant que les leçons du passé permettront de forger un avenir plus serein et victorieux.
Ayouba Nsangou