Sa mère déclare qu’il était agité encore dans le ventre, si bien qu’elle ne parvenait pas à dormir, mais n’avait jamais été un bagarreur mais protégeait les faibles contre des menaces. Il a tout de même eu un parcours compliqué, celui de tous les migrants, mais le garçon de Batié à l’ouest Cameroun a bravé cela, la pauvreté dans laquelle il est né et se sent plus à l’aise dans un ring qu’ailleurs. Celui qui voulait être avocat après le divorce de ses parents et qui avait malheureusement abandonné l’école est un ancien manœuvre d’une carrière de sable, puis est devenu déchargeur des ballots de friperie au marché Mboppi. Eternel insatisfait, mais ambitieux il va quitter cet énième job pour la boxe alors qu’il a 22 ans et est déjà un poids lourd et n’a jamais su concurrencer ses adversaires faute de technique. C’est ainsi qu’il quitte le Cameroun et va en aventure, a traversé une partie du Sahara, le Maroc, immigré, il est détenu dans un centre de rétention en Espagne. Mais arrive finalement à paris avec à peine 100 euros et il dort dans la rue, mais il était content et savais qu’il va y créer son paradis. Dans la boxe, Didier Carmont est son 1er coach de boxe anglaise qui lui a offert une opportunité, mais il va lui proposer le MMA (mixed martial arts ou sport de combat regroupant plusieurs disciplines) dont Francis ne connait ni la signification, ni l’existence, mais qu’il va découvrir en 2013. Il y sera accueilli par le directeur de MMA factory en France Fernand Lopez, qui est aussi devenu un de ses coaches. Il fait son 1er combat en MMA en 2014 et tout le monde le trouve très agressif et en 2015, il fait des grands débuts à l’UFC (ligue américaine, ultimate fighting championship). Son 1er combat a d’ailleurs été un coup de foudre et il gagne par un uppercut K.O, alors que son 2e combat sa victoire est par un arrêt des médecins pourtant il était parti pour un autre K.O, rien à dire, il a marqué les esprits. Son 3e combat dure 94 secondes à la vitesse de l’éclair, mais il est humble et respectueux de ses adversaires. Il va d’ailleurs mettre un stop à Joe Rogan (interviewer de l’UFC après chaque combat) pour aller prendre des nouvelles de son adversaire resté sur le tapis après un K.O, il estime d’ailleurs qu’il se bat face à ses adversaires et non face à des ennemis. Il mesure 1m93 pour 117 kg à son 4e combat, il mange ce qu’il veut et n’a pas des problèmes de poids. Avant son 10e combat, il totalisait 8 victoires pour 1 défaite, et à la veille des combats, il médite et déclarait souvent ressentir comme si quelque chose le possédait et c’est là que Francis Ngannou cède la place au ‘‘predator’’ il gagne d’ailleurs son prochain combat par soumission en 1min57sec, on est en 2016. Le 28 janvier 2017, il met K.O au 1er round l’ancien N°1 mondial Andrei Ariovski et devient N°6 mondial alors qu’il a 30 ans, il prend clairement une revanche sur la vie !
En juin 2019 il a suffi de 1min12s pour mettre K.O le brésilien Dos Santos et en mai 2020 18secondes pour l’américain Rozenstruik. Après ce nième combat, il met la pression à l’UFC en publiant sur les réseaux sociaux qu’il est un champion non couronné. Il vit une réelle frustration puisque ce dernier combat devait être celui du titre. Mais il deviendra finalement champion du monde des poids lourds de l’UFC en terrassant l’américain, Stipe Miocic au 2e round et de s’emparer, ce dimanche à Las Vegas. Cette victoire est en fait une revanche contre ce même Miocic qui l’avait battu sur décision en janvier 2018 lors de leur premier affrontement. On avait donc vu les journaux français dont le figaro.fr avait publié « le camerounais s’est incliné aux points face à l’américain dans le combat pour la ceinture UFC des poids lourds » pourtant en 2017, le même journal publiait. L’américain en sang a été sauvé d’une punition plus sévère par l’arbitre, qui a arrêté les frais au bout de 52 secondes dans cette deuxième reprise.
Pour Francis, c’est un moment de joie pour, de gloire, il sait d’où il vient et ce qu’il a enduré pour y parvenir, c’est une victoire sur la vie, un exemple de persévérance et de résilience. Car avant d’arriver au sommet du monde du MMA, il a emprunté de nombreux chemins, a connu la misère, l’anonymat et la solitude. Il est enfin devenu boxeur, et champion comme son idole, Mike Tyson dont il avait rencontré il est désormais à 16 victoires et 3 défaites. Vivement qu’il y reste le plus longtemps possible, mais une chose est sûre, comme le dit l’adage « impossible n’est pas camerounais » car il a réalisé son rêve, le rêve américain au pays de l’oncle Sam, lui qui était SDF et dormait dans la rue à paris est devenu le combattant le plus puissant au monde.
Florent Meyong